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L’heure du choix cornélien

Alors que tombe la neige (tu ne viendras pas ce soir ndlr), la fin du mois de janvier approche et avec elle le moment fatidique où nous allons enfin choisir les 4 titres qui complèteront le premier EP qui sortira en février 2024. A priori rien de très compliqué, donc nous avons décidé de compliquer les choses, histoire que ce soit plus drôle.

Déjà, pourquoi choisir maintenant alors qu’on parle d’un disque à paraître dans un peu plus d’un an ? Parce que comme je l’ai déjà expliqué ici (suivez un peu, mince), il faut qu’on anticipe. Nous avons eu à ce jour presque 40 avis, donc une poignée de gens évoluant dans le milieu (musical). Loin de moi l’idée de vouloir établir un classement entre les avis des uns ou des autres, mais les avis de celles et ceux qui travaillent dans la musique viennent avec un bonus: les commentaires.

Quand les gens qui ont une relation normale à la musique se sont contentés de nous donner leur top 4 – parfois accompagné de mots d’encouragement fort sympathiques – aucun des « pros » ne nous a donné de top 4, quasiment. En revanche, nous avons eu (la chance d’avoir) des remarques sur différents thèmes, de la construction des morceaux, aux choix des accords ou des sons de claviers.

Résultat des votes à la question « Choisissez vos 4 morceaux préférés »

C’est extrêmement précieux, car jamais nous ne pourrons prétendre qu’un morceau est exactement comme le voulions, ni aussi abouti que possible. Chacune de ces remarques nous a donc permis de nous remettre en question, de passer au tamis du doute beaucoup de nos choix. Voire même souvent de se demander si on avait vraiment réfléchi à ce qu’on avait fait. Dans des cas, nous avons changé les choses, dans d’autres, avons statué sur le fait que nous assumions notre décision.

Ce qu’il nous reste en revanche, c’est un choix presqu’encore plus difficile à faire qu’avant. Parce que l’écoute de chaque morceau est désormais accompagnée de son lot de remarques:

« Ah oui, c’est vrai que c’est encore le même tempo que la précédente… »
« Je trouve pas que ce soit bizarre, cette note de basse, moi. Enfin je crois. C’est vrai que c’est pas commun… Mais c’est bien ça, pas commun. Enfin je crois. C’est vrai que tout ce qui passe à la radio est plus commun. Mais c’est un peu chiant, ça. Enfin je crois. »
« Est-ce que ça dissone vraiment ? »

Résultat des votes à la question « Et si vous deviez n’en choisir qu’une ? »

Autant de nouvelles compagnes d’écoute qui nous écartent un peu du principal: est-ce qu’on aime tellement ces morceaux qu’on a envie de les faire écouter fièrement ? Quel drôle d’exercice tout de même que de devoir choisir objectivement les morceaux que l’on trouve les plus intéressant alors qu’à partir du moment même où nous mettons un peu d’intime dedans toute objectivité disparait. Et que c’est précisément ce qui peut rendre le morceau intéressant.

On retombe encore et toujours sur ce paradoxe total: on ne chercher finalement qu’à exprimer un peu de notre singularité à travers ces chansons mais tout en voulant plaire à tout le monde. Et on a beau pertinemment savoir que c’est impossible, l’idée est toujours difficile à avaler.

Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage

La magie d’Internet (est-ce que cette expression est déjà désuète ? C’est possible.) nous permet d’avancer sur ce projet sans habiter encore dans la même ville. Pour le moment, l’un vit à Nancy, l’autre à Lyon et le dernier dans le fin fond de l’Alsace. Pas de problème a priori, sauf quand on veut travailler le live. Là, c’est une autre histoire.

A l’époque de NORMA PEALS, nous vivions quasiment tous à Nancy et pouvions donc répéter autant que bon nous semblait. Nous avons principalement fait de grosses sessions avant le studio, qui nous forcé à tellement décortiquer les morceaux que nous connaissions nos parties sur le bout des doigts en en sortant. Ajoutez à cela une grosse série de concerts, nous pouvions à la fin jouer le set avec les yeux fermés, une main dans le dos et 1 gramme d’alcool dans le sang (en réalité, nous n’avons vraiment testé que la dernière option).

Pour ce projet, nous pensions au début que l’expérience acquise avec Norma nous permettrait de rapidement être capable de jouer nos morceaux de manière correcte. Erreur. Pas mal de choses changent avec ce projet et il nous faut un certain temps d’adaptation.

Déjà, nous jouons désormais une musique un peu plus produite. La batterie sort de l’ordi, pas mal de claviers et des boucles de voix (backing principalement) aussi. Nous devons donc se faire à ce son, à cette sensation plus froide, comparée au fait d’avoir un batteur en chair et en os qui fait du vent avec ses bras. Le nôtre (coucou Loïc) en faisait d’ailleurs beaucoup puisqu’il frappait vraiment fort (c’est un compliment) et dansait littéralement derrière ses tambours (et c’était numéro #1).

Thibaut de Puzzle
Thibaut de Puzzle en train de faire un selfie avec les instruments de musique du groupe

En parallèle, nous devons apprendre de nouveaux rôles. Je me retrouve beaucoup derrière les claviers (qui ont beaucoup de touches) pendant que Cédric prend la guitare de temps à autre. Olivier quand à lui se retrouve plein centre sur scène, avec l’espace à occuper quand Cédric et moi sommes tous les deux collés aux claviers. Ce sont vraiment des changements à dompter, à apprivoiser. De nouveaux costumes à enfiler, de nouvelles chorégraphies à intégrer.

Notre problème géographique ne facilite bien sûr pas les choses. En attendant que deux d’entre nous ne se retrouvent à Nancy de manière permanente (ce qui ne devrait pas tarder), il nous faut optimiser le temps que nous passons ensemble. Ce qui empêche de faire des sessions courtes et rapprochées, qui nous permettraient de bien assimiler les différents changements, les micro ajustements que nous mettons en place à chaque fois. Là encore, nous sommes rattrapés par l’injonction de productivité qui flotte dans l’air, à vouloir aller le plus vite possible…

Cédric et Olivier de Puzzle en pleine répétition du groupe à l’Autre Canal de Nancy

Après un an à avoir travaillé ensemble, on sent déjà une nette amélioration, bien sûr. La répétition de ce weekend est la première où nous avons commencé à sentir que les morceaux commencent à être bien intégrés, que nous commençons à les posséder vraiment et que nous avons dépassé le stade où chacun essaye de jouer une partition sans se tromper. Un vrai kif.

En revanche, les limites de ce travail apparaissent. Il va maintenant falloir jouer en live, dans des conditions aléatoires pour rentrer tout ça dans les doigts, dans la tête et dans le coeur (je ne pouvais pas ne pas la faire). On a plutôt hâte. Bien sûr, on aura un peu peur. Mais on ira. Vivement.

Le groupe Puzzle en répétition à l’Autre Canal de Nancy

Mood #1

A la base, nous voulions faire un journal pour partager nos réflexions sur le développement du projet, pas sans filtre mais presque, et je me retrouve à faire des articles de blog à la c**, comme si je visais un bon référencement dans Google. A croire qu’il n’est pas si simple de simplement raconter le quotidien. Essayons.

Nous sommes jeudi, 12 janvier, il est 11h06. Mon disque dur qui contient les banques de sons que nous utilisons pour produire nos démos a planté hier, et je tente de tout réinstaller avec une boule au ventre: si jamais Logic (le logiciel de création de musique que j’utilise) ne redémarre pas comme prévu, je ne sais pas comment je vais récupérer les pistes des démos à envoyer à Martin. Réponse dans 5 heures, quand les 200 Go de sons seront téléchargés.

Plusieurs sujets nous occupent en ce moment. Déjà, le choix des titres qu’on mettra sur l’EP. Nous avons demandé l’avis de plusieurs personnes et sommes complètement subjugués des résultats, quasiment inverse à ce qu’on supposait. Nouvelle preuve qu’il est extrêmement difficile d’avoir un peu de recul sur son propre travail, en particulier quand il s’agit de toucher les gens.

Je passe mes journées à actualiser le Google Form pour voir si de nouvelles réponses arrivent. C’est autant exaltant que frustrant. Chaque réponse provoque un pic de dopamine, tel un post de réseau social. Moi qui voulait faire une dopamine detox, je suis servi.

En parallèle, nous avons commencé à contacter les programmateurs des salles de la région pour faire nos premiers concerts. Aucune réponse. Pire, alors qu’on peut suivre les écoutes des liens qu’on envoie, on constate qu’il n’y a aucune écoute. J’avais oublié cette partie du jeu qui consiste à envoyer des bouteilles à la mer en espérant que l’une d’elles trouve une plage. Je suis particulièrement mauvais en gestion de frustration, je suis servi (bis).

Même si Riviera ne sort officiellement qu’en mai, il nous faut penser à pas mal de choses déjà. Le clip a tourner, les dossiers de subventions à finaliser, les pochettes du CD 2 titres à fignoler. Il y a un million de choses à faire, à penser, à ne pas oublier. Rien d’urgent mais rien de superflu non plus. Pas toujours évident d’avoir une vision claire.

Vivement février. Même si je vous parie 100 balles et un mars qu’en février j’écrirai « Vivement mars ».

Allez, bisous.

Sortie digitale / sortie physique, quand le serpent se mord la queue

Quand les Beatles sortaient un disque, il sortaient littéralement un disque. Il s’agissait de mettre un nouveau disque, cet objet physique, dans les bacs, physiques aussi, de boutiques de disques (toujours physiques). Si aujourd’hui, il existe toujours des magasins physiques qui vendent des objets rond avec de la musique gravée dessus, la majeure partie des écoutes se fait en streaming. Donc sortir un disque aujourd’hui, c’est éventuellement fabriquer un objet mais aussi et surtout rendre les morceaux du disque disponible sur différentes plateformes – Spotify, Deezer, Apple Music pour ne citer que les plus connues.

Merci Capitaine Obvious, vous dites-vous. Pourquoi je parle de ça ? Pour vous raconter le problème de dynamique que ça génère dans un projet musical. La logique de la distribution physique, et donc de sortir un objet, implique pas mal de coûts en sus de la création. Il faut presser l’objet, fabriquer les livrets qui accompagnent ces objets, donc les designer. Il faut trouver un distributeur qui a accès aux canaux de distributions (on ne rentre pas à la FNAC ou chez Amazon avec son sac à dos remplis de disques). Donc pour rentabiliser tout ça, il est difficile de faire un nouveau disque tous les 3 mois, et il est ainsi préférable d’optimiser le processus en mettant un certain nombres de titres sur la galette (ou la cassette, ça revient. Si, si.)

La logique de la distribution numérique est bien différente. Si je le souhaite, je peux demain mettre en ligne un nouveau morceau sur Spotify, que j’aurai produit tout seul sur mon Macbook, en prenant une image sur Unsplah et en payant un aggregateur 15€ par an. Et je peux faire ça tous les jours. Et c’est peut-être une bonne stratégie. Avec les 40 000 nouveaux morceaux par jours publiés sur les plateformes, occuper l’espace peut être une idée intéressante.

Alors comment on fait quand, comme nous, on est un peu plus classique d’envisager la création d’un album. Qu’accessoirement, on considère qu’un disque est une oeuvre à part entière avec une intention cohérente ? Comment jongler avec ces deux dynamiques différentes ? Aucune idée.

On pourrait se dire: « pourquoi faire presser des disques en fait, autant rester sur du 100% digital ! ». En effet. Sauf qu’encore aujourd’hui, l’économie de la production phonographique passe par l’utilisation de financements de société de producteurs (type SPPF ou SCPP par exemple) . Pour accéder à ces financements, il faut présenter des dossiers dont la plupart demandent des contrats de distribution physique. Je suis actuellement en train de préparer le dossier SPPF pour l’EP, il a fallu que je trouve un distributeur physique. Et le distributeur physique, il veut quoi ? Des disques en réserve. Physiques.

Je pensais à ça ce matin en train de dessiner la pochette du CD 2 titres (ça rappelle des souvenirs). Pourquoi un 2 titres si c’est déjà galère de faire un disque complet ? Parce qu’en réalité, j’aime l’objet « disque ». Je trouve ça super de catalyser sous une forme concrète tant de travail, de questions, d’envie. Il boucle une boucle. Donc dans un sens, je suis content de devoir le faire.

Voilà plusieurs sujets qui entourent la vie de ce projet où je constate à quel point il faut être schizophrène. Mais c’est aussi ce qui fait un peu le charme de la chose. Enfin j’espère.

Comment choisir les titres à mettre sur notre disque ?

Même si l’EP de 6 titres ne doit sortir que dans un an, il va en réalité falloir qu’on choisisse rapidement les titres qui y figureront. Et c’est loin d’être évident.

Pourquoi les choisir si tôt déjà ? Le retro planning fait encore sa loi. La promotion a besoin des morceaux et du disque quasi final pour l’envoyer au media 2 à 3 mois avant la sortie. Avant ça, il faut (dans l’ordre inverse) presser les disques, le masteriser, mixer les titres, les produire, les réaliser, (ré)enregistrer les pistes qui ne sont pas tops (les voix, souvent) et au début du processus, choisir les titres.

Nous avons déjà choisi les 2 singles, qui sont quasiment mixés, mais avons maintenant 7 titres que nous estimons « valables ». Mais impossible d’avoir le recul nécessaire pour en éliminer 3. Chacun de nous a une histoire particulière avec chacune des démos. Une phrase, un son, un plan rythmique, il est humainement impensable d’être d’une quelconque objectivité.

Du coup, on a demandé à quelques personnes de nous donner leur avis. Des musiciens et gens qui travaillent dans le milieu d’un côté, et des gens « grand public » (aucun jugement de valeur, simplement des personnes qui ne sont pas forcément passionnées par la musique) de l’autre. Le résultat est assez fou.

Nous pensions savoir quels morceaux seraient choisis, nous ne pouvions nous tromper davantage. Au moment où je vous écris, nous avons eu 10 réponses « grand public », 9 ont choisi un titre qu’on a carrément hésité à mettre dans les 7… Et nous venons par contre d’avoir un retour pro qui propose la sélection à laquelle nous pensions de prime abord.

Tout ça me laisse songeur, et me fascine quelque part. Je me demande comment on écoute une chanson quand on ne fait pas attention au son son de caisse claire, à la texture des synthés, à la suite d’accord, au réglage de la compression… Je suis presque un peu envieux de cette possibilité d’envisager l’écoute d’un morceau pour ce qu’il est, un morceau de musique.

Cela me laisse aussi songeur sur la manière dont s’organise la diffusion de la musique. Avec 40 000 nouveaux titres par jours sur les plateformes, il est évidemment impossible de tout entendre, et donc certains jouent le rôle de curateurs pour le reste. Programmateurs, media, algorithmes choisissent ce qui aura une chance d’être entendu ou pas. L’histoire classique du tube radio qui passe tellement qu’il s’imprime dans le cerveau à tel point qu’on ne sait plus très bien s’il a du succès parce qu’il a été diffusé x milliers de fois ou s’il a été diffusé x milliers de fois parce qu’il est super, ce morceau. L’oeuf ou la poule, somme toute.

Bref, je ne veux surtout pas servir le couplet réchauffé du musicien frustré et maudit qui n’a pas eu la chance d’être bombardé sur NRJ. Si les meilleurs musiciens (au sens théorique, technique du terme) devaient occuper tout l’espace, nous n’écouterions probablement que des choses complètement barrées. C’est juste une reflexion qui me fascine.

Toujours est-il qu’au jour d’aujourd’hui (laissez moi rêver avec mes pléonasmes), on ne sait pas encore ce qu’on va choisir, si on doit suivre la vox populi ou l’avis des musiciens. On verra bien, ça fera un sujet pour un prochain billet….

Sortir un disque ou l’éloge de la patience

Une des choses qui m’a le plus marquée durant la formation Tempo, c’est à quel point il est nécessaire de penser un projet musical comme une boîte sort un produit. En 2023, monter un groupe ou une start up, même combat. Ou presque.

Avec Norma Peals, nous avons fait les choses simplement: composition, répétitions, studio, disque, fini. Pour notre premier (et unique) album, nous avons composé des démos sur nos ordis, puis les avons décortiquées et adaptées pour être capable de les jouer et enfin avons passé un mois en studio pour enregistrer les différentes parties. Une fois les prises en boîte, Yann (Klimezyk) a mixé, envoyé le master qu’on a livré au pressage. Une fois les cartons de disques reçus, on s’est logiquement dit « super, on peut dire qu’il sort la semaine prochaine ». J’exagère, mais à peine.

Evidemment, on avait hâte. Envie de faire écouter ces morceaux tout beaux au monde entier. Grossière erreur. D’ailleurs, personne n’a su qu’on avait fait un album et la première chose que l’entourage professionnel qui nous a rejoint ensuite a fait a été de choisir 4 morceaux de ce disque pour en faire un EP à sortir un an plus tard…

Avec Puzzle, on découvre une autre manière de faire. Entre ces deux projets, nous avons tous les 3 eu des expériences professionnelles diverses et variées, et avons notamment baigné dans la gestion de projet. Qui dit gestion de projet, dit « retroplanning ». Et, surprise, sortir* un disque demande aussi un retroplanning.

Partons du jour de la sortie, et partons du principe que la production du disque ait coûté quelques sous. Pour éviter que cet investissement ne soit de l’argent jeté au vent en espérant qu’il ne pousse, il est préférable de préparer cette sortie en amont, avec un•e attaché•e de presse par exemple. Pour que ce soit efficace, elle ou il va avoir besoin de 2 à 3 mois avant la sortie pour présenter le disque, relancer les medias. Sachant que le mieux, c’est de sortir des singles des mois avant pour préparer le terrain…

Donc il faut que le disque soit prêt, et les éventuels clips qui s’y rapportent, 3 mois avant la sortie du premier single. S’il y en a deux, il faut éviter de les sortir trop proches l’un de l’autre pour ne pas saouler les gens… Je ne parlerai même pas des dossiers de demandes d’aides à la création qui doivent être soumis avant que ne commence l’enregistrement. Ni du temps nécessaire à l’arrangeur, au mixeur, pour travailler.

Bref, tout ça pour dire que notre EP 6 titres ne sort qu’en février 2024 (oui, dans un an et 2 mois au moment où j’écris) alors que je viens d’écrire, juste avant ce billet, un modèle explicatif pour demander à certaines personnes de nous aider à choisir les morceaux à mettre sur l’EP. Mais paradoxalement, il y a une espèce de plaisir à faire les choses dans le temps long et dans la préparation. Je me demande un peu comment nous gérerons le fait qu’au moment où le disque « sortira », cela fera un an qu’on en pourra plus de l’entendre mais c’est une autre histoire. Je vous raconterai.

*Accordons-nous sur le fait que « sortir » fasse référence à « rendre disponible sur les plateformes de streaming » ou « mettre un disque dans les (rares) bacs (qu’il reste) #boomer.

25% la musique, 25% l’image, 50% la promo

Mon processus de gestion par défaut de n’importe quel élément comportant une référence au CPF est un envoi direct et vigoureux vers la poubelle. Toute règle comportant son exception, j’ai lu UN mail y faisant référence: celui venant de Cédric, qui organise la formation TEMPO, pour « artiste entrepreneur ».

J’ai un peu tendance à croire que le hasard fait bien les choses. Loin de moi l’envie de lancer un interminable débat sur les biais cognitifs ou le sens de la vie (ce sera pour plus tard) toujours est-il qu’alors que nous commençons à nous dire, en juin dernier, que « finalement ce serait peut-être pas mal d’essayer de faire quelque chose de nos morceaux », je reçois un mail de cette formation me disant qu’elle est désormais finançable par le CPF. Le pitch de la formation: « Comment développer une carrière d’artiste économiquement viable ? ». Mon solde CPF: pile-poil le montant de la formation. Et le hasard ne ferait pas bien les choses ?

La formation se déroule à Paris, sur 3 jours, et permet au groupe présent de rencontrer pendant une demi-journée chacun un•e acteur•rice d’un pan de l’industrie musicale. Tournée, Edition, Management, Promotion (Presse / Distribution), Production et Organismes (T.E.M.P(.P).O, vous l’avez ?). Après 5 années à avoir touché à pas mal de choses avec Norma Peals, je pensais connaître le milieu et ses rouages. Erreur.

Cédric, l’organisateur et chef d’orchestre de la formation, nous accueille avec cette phrase « un projet musical qui fonctionne, c’est 25% la musique, 25% l’image et 50% la promotion, à moins d’être Michael Jackson ou Angèle. » Coup de froid dans l’assemblée. Comme je n’ai pas 4 frères et ne suis pas belge, je suis coincé, je vais devoir jouer avec l’équation annoncée.

Je ne vais pas m’étendre dans ce billet sur la formation en elle-même (que par ailleurs je vous recommande fortement si vous êtes un tantinet soit peu intéressé par le fait d’évoluer dans le domaine de la musique) mais c’est pour vous dire que la vie d’un groupe en développement passe finalement autant – voire presque plus – parce qu’il se passe autour de la musique que de sa création en elle-même. Bien ou mal, je ne suis pas là pour juger. Et quand bien même, ce que j’en pense intéresse ma mère, à la limite, mais c’est tout.

(oui, c’est moi)

C’est aussi pour ça qu’on voulait créer ce journal. Pour vous raconter comment on vit les choses au quotidien, de l’intérieur, sur tous les domaines auxquels on touche. Et ça parle presque plus de dossiers de subventions, de positionnement marketing, de quoi poster sur Instagram que de quel ampli choisir pour le refrain de Riviera… Encore une fois, triste ou pas triste, là n’est pas la question.

D’ailleurs, je vous laisse, j’ai justement un dossier à remplir pour faire partie d’un catalogue d’artistes à faire tourner dans le Grand Est…

Norma Peals, l’ex dont on est toujours un peu amoureux

Comment donner un peu de contexte à ce nouveau projet sans parler de Norma Peals. Parce que bien sûr, parler de « nouveau » projet, c’est supposer qu’il y en a un ancien. En l’occurence, l’ancien projet, c’est Norma Peals.

Norma Peals, dont nous faisions partie tous les trois, était un groupe electro rock qui a existé entre 2008 et 2012 (les historiens se disputent sur la date réelle de fin). Nous avons connu pas mal de choses avec ce groupe: plus d’une centaine de concerts, des scènes partagées avec des groupes « connus » (BB Brunes, Shaka Punk, Puggy, Nada Surf, Mademoiselle K), des mini tournées en France, en Allemagne, en Belgique, l’enregistrement d’un album dans un vrai studio, comme dans les documentaires qu’on regardait quand on rêvait de faire ça…

On a même eu la chance d’avoir un de nos morceaux utilisé comme générique d’une émission sur France 2 pendant un an (Planète Musique Mag, présentée par Thomas VDB, mais il est normal que vous ne vous en rappeliez plus, l’émission a eu un succès plus que relatif). Autant ça a généré des droits SACEM, autant niveau notoriété, il aurait mieux valu qu’on nous prenne pour une pub Royal Canin (quoique j’en sais rien, en fait, faudrait demander à ceux qui ont été pris pour la pub en question).

Je ne peux évidemment pas parler de ce projet au nom des cinq membres qui le composait, mais en ce qui me concerne je me rappelle de cette expérience comme on se souvient d’une ex (ou d’un ex, j’imagine que ça marche aussi) avec qui on a cru qu’on allait finir sa vie. Des moments fous, des pics d’adrénaline à jouer devant des milliers de personne (j’exagère mais il nous est arrivé de jouer devant un millier de personnes), d’avoir comme seul objectif de prendre le camion et de traverser la France pour jouer 40 minutes… Et en même temps, des moments difficiles, où les choses ne se passent pas comme prévu, où tu attends des retours qui n’arrivent jamais, où tu dors dans le camion à -5°C avec un des cinq autres parce que la chambre où tu étais sensé dormir est occupée par le gars qui t’a programmé et qui a décidé d’utiliser la chambre en question pour passer un moment avec son frère une nana du public (true story)…

Bref, chacun a probablement sa version de pourquoi nous avons arrêté. De mon côté, comme quand ça se termine avec quelqu’un que tu pensais faire partie de ta vie pour toujours, ça reste un peu flou. Je me souviens juste que la lassitude avait pris le dessus. Que le plaisir de jouer avait été surpassé par la flemme de porter des amplis et des toms basse devenus trop lourds. Que j’avais du mal à dormir dans les Formule 1. Accessoirement, j’avais aussi des envies de famille et je voyais mal comment concilier la musique, ses emplois du temps et ses revenus sporadiques avec un enfant (je me trompais sur ce point, mais c’est une autre histoire).

Toujours est-il que 10 ans plus tard, je ne me souviens que des bons moments et réécoute notre album avec une oreille attendrie. D’ailleurs on a fini par le mettre en ligne sur les plateformes, je vous le mets en-dessous. C’est chouette, quand même.

« Norma Peals » par Norma Peals – 2011

Crédit photo ©Chloé Lapeyssonie

Un journal de bord ?

Pourquoi se lancer dans un blog quand on pourrait faire simple et utiliser Instagram, Twitter, LinkedIn ou autre ? Parce que personnellement – et je ne crois pas beaucoup m’avancer en écrivant que c’est le cas des deux compères qui complètent Puzzle – je hais les réseaux sociaux.

Je hais le fait qu’ils me happent dès que je les ouvre, je hais le fait qu’ils soient capables de me faire tout remettre en question dès que je les ouvre (alors que je sais très bien comment ils fonctionnent), je hais le fait qu’ils m’imposent des règles de type de contenu à faire, de régularité à observer et surtout je hais le fait que bientôt il faudra que je me batte avec mes filles pour essayer de limiter le temps qu’elles passeront dessus.

Mais voilà, nous nous sommes lancé il y a peu dans cette nouvelle aventure qu’est Puzzle. Et même si au début nous nous disions que nous ferions ça un peu pour rire et puis que nous « verrions » bien, nous nous sommes fait un peu avoir à notre propre jeu et on se dit finalement que ce serait bien de voir un peu plus loin. La question de communiquer se pose donc et nous avons bien compris que les réseaux étaient un passage obligé.

Mais pour éviter de se restreindre à quelques photos bien senties ou quelques mots malins, nous avons décidé de créer ce journal, ce blog, pour partager un peu plus directement et selon nos envies nos réflexions et aventure dans le développement de ce projet. Bien sûr, nous repartagerons les billets qui s’y prêtent sur Instagram et consorts, mais vous trouverez ici des billets qui ne sont pas forcément intéressants pour les algorithmes, donc probablement plus intéressants.

Je ne sais pas trop encore ce que vous y trouverez mais j’espère que ce seront plein d’anecdotes pas forcément croustillantes sur la vie d’un groupe en développement, surtout quand les membres du groupe en question s’approchent dangereusement de la quarantaine et doivent donc gérer cette nouvelle lubie avec une vie de famille et professionnelle un peu plus remplie que lorsque nous avions 20 ans et pas grand chose d’autre à faire que de s’imaginer en couverture de Rock’n’Folk.

Crédit photo: Marine Leloup ou Alexia Chavanton-Arpel, on sait plus.