Le
11 janvier 2023

Sortie digitale / sortie physique, quand le serpent se mord la queue

Par 
Puzzle

Quand les Beatles sortaient un disque, il sortaient littéralement un disque. Il s'agissait de mettre un nouveau disque, cet objet physique, dans les bacs, physiques aussi, de boutiques de disques (toujours physiques). Si aujourd'hui, il existe toujours des magasins physiques qui vendent des objets rond avec de la musique gravée dessus, la majeure partie des écoutes se fait en streaming. Donc sortir un disque aujourd'hui, c'est éventuellement fabriquer un objet mais aussi et surtout rendre les morceaux du disque disponible sur différentes plateformes - Spotify, Deezer, Apple Music pour ne citer que les plus connues.

Merci Capitaine Obvious, vous dites-vous. Pourquoi je parle de ça ? Pour vous raconter le problème de dynamique que ça génère dans un projet musical. La logique de la distribution physique, et donc de sortir un objet, implique pas mal de coûts en sus de la création. Il faut presser l'objet, fabriquer les livrets qui accompagnent ces objets, donc les designer. Il faut trouver un distributeur qui a accès aux canaux de distributions (on ne rentre pas à la FNAC ou chez Amazon avec son sac à dos remplis de disques). Donc pour rentabiliser tout ça, il est difficile de faire un nouveau disque tous les 3 mois, et il est ainsi préférable d'optimiser le processus en mettant un certain nombres de titres sur la galette (ou la cassette, ça revient. Si, si.)

La logique de la distribution numérique est bien différente. Si je le souhaite, je peux demain mettre en ligne un nouveau morceau sur Spotify, que j'aurai produit tout seul sur mon Macbook, en prenant une image sur Unsplah et en payant un aggregateur 15€ par an. Et je peux faire ça tous les jours. Et c'est peut-être une bonne stratégie. Avec les 40 000 nouveaux morceaux par jours publiés sur les plateformes, occuper l'espace peut être une idée intéressante.

Alors comment on fait quand, comme nous, on est un peu plus classique d'envisager la création d'un album. Qu'accessoirement, on considère qu'un disque est une oeuvre à part entière avec une intention cohérente ? Comment jongler avec ces deux dynamiques différentes ? Aucune idée.

On pourrait se dire: "pourquoi faire presser des disques en fait, autant rester sur du 100% digital !". En effet. Sauf qu'encore aujourd'hui, l'économie de la production phonographique passe par l'utilisation de financements de société de producteurs (type SPPF ou SCPP par exemple) . Pour accéder à ces financements, il faut présenter des dossiers dont la plupart demandent des contrats de distribution physique. Je suis actuellement en train de préparer le dossier SPPF pour l'EP, il a fallu que je trouve un distributeur physique. Et le distributeur physique, il veut quoi ? Des disques en réserve. Physiques.

Je pensais à ça ce matin en train de dessiner la pochette du CD 2 titres (ça rappelle des souvenirs). Pourquoi un 2 titres si c'est déjà galère de faire un disque complet ? Parce qu'en réalité, j'aime l'objet "disque". Je trouve ça super de catalyser sous une forme concrète tant de travail, de questions, d'envie. Il boucle une boucle. Donc dans un sens, je suis content de devoir le faire.

Voilà plusieurs sujets qui entourent la vie de ce projet où je constate à quel point il faut être schizophrène. Mais c'est aussi ce qui fait un peu le charme de la chose. Enfin j'espère.

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