Lorsque que nous avons décidé d'essayer de remonter un projet tous les 3, "pour voir", nous n'avons pas pris en compte un élément pourtant essentiel: Olivier vit à Nancy, Cédric à Lyon et moi dans le fin fond de l'Alsace du sud (ce qui ne veut pas dire "Alsace version Miami"). Maintenant que ce projet prend une allure un peu plus sérieuse, la géographie s'avère un léger problème dans bien des situations.
Le premier souci auquel on pense immédiatement est le fait de répéter. Quand on veut faire de la musique, le but premier reste a priori quand même de jouer de la musique. Dieu merci, Cédric se rend très régulièrement pour des raisons personnelles à Nancy. Moi-même n'étant qu'à 2 heures de route, Nancy est devenu notre camp de base. Plutôt que de répéter tous les 3 jours pendant deux heures, nous nous voyons moins souvent mais répétons pendant 2 jours.
A bien y réfléchir, ce point précis aurait été complètement bloquant. Sans cette possibilité de se voir régulièrement, il aurait été impossible de lancer ce projet. Le confinement étant passé par là, des solutions existent pour jouer à distance, chacun devant sa webcam. Nous avons essayé, nous avons eu des problèmes (enfin, c'est vous qui voyez, ndlr). Question de réseau, question de réglage, aucune idée mais en tout cas impossible d'avoir le son en même temps. Gênant quand on doit jouer ensemble.
Mais se voir régulièrement ne règle pas tout. Ne serait-ce que pour composer: se voir simplifierait les choses. Pour celles et ceux qui ont vu le documentaire sur Orelsan, on voit qu'ils partent tous les trois, ensemble, dans une maison en Bretagne pour écrire. Pour se mettre dans une ambiance, dans un mindset comme on dirait sur LinkedIn. Jouer, construire sur les propositions des autres, pouvoir rebondir sur des improvisations.
Etant séparés les uns des autres, nous nous envoyons des morceaux, des bouts d'enregistrements, commentons ce qui est envoyé. Cela pose deux soucis.
Le premier, c'est que nous censurons individuellement ce que nous envoyons aux deux autres. Sans laisser les cerveaux des deux autres rebondir sur l'ensemble de la recherche.
La seconde, c'est une latence évidente. Plus qu'une histoire d'inspiration qui vient, il faut un certain temps pour se mettre dans de bonnes dispositions. Pour être dans son costume de musicien. Et c'est très (très) rare d'être synchros.
Outre l'aspect composition, ce problème de "brainstorm" (c'est décidé, j'arrête LinkedIn) se pose pour les visuels, les paroles et l'ensemble des problématiques artistiques. Nous fonctionnons en action/réaction plutôt qu'en osmose. Du côté positif, cela nous permet d'avoir énormément de recul et de pouvoir prendre le temps d'analyser ce qu'on reçoit sans être grisé par l'ambiance. Comme pour tout, la médaille a deux faces.
Je vous passe pour terminer cette complainte l'aspect gestion de projet (car pour rappel, un projet musical qui fonctionne, c'est 25% la musique, 25% l'image, 50% la promo) mais nous avons aussi une asso à gérer, des échanges innombrables avec des interlocuteurs tout aussi innombrables, des budgets à monter, BREF. On ne s'ennuie pas, chacun dans notre coin.
La bonne nouvelle, c'est que deux d'entre nous serons bientôt de manière permanente à Nancy, ce qui va solutionner 1/3 du problème. J'ai hâte de voir si nous pourrons nous voir un peu plus souvent mais moins longtemps et ce que cela changera. La distance n'empêchera pas qu'il faudra alors synchroniser des plannings familiaux tout aussi chargés et disparates mais ce sera pour un autre billet...