Même si l'EP de 6 titres ne doit sortir que dans un an, il va en réalité falloir qu'on choisisse rapidement les titres qui y figureront. Et c'est loin d'être évident.
Pourquoi les choisir si tôt déjà ? Le retro planning fait encore sa loi. La promotion a besoin des morceaux et du disque quasi final pour l'envoyer au media 2 à 3 mois avant la sortie. Avant ça, il faut (dans l'ordre inverse) presser les disques, le masteriser, mixer les titres, les produire, les réaliser, (ré)enregistrer les pistes qui ne sont pas tops (les voix, souvent) et au début du processus, choisir les titres.
Nous avons déjà choisi les 2 singles, qui sont quasiment mixés, mais avons maintenant 7 titres que nous estimons "valables". Mais impossible d'avoir le recul nécessaire pour en éliminer 3. Chacun de nous a une histoire particulière avec chacune des démos. Une phrase, un son, un plan rythmique, il est humainement impensable d'être d'une quelconque objectivité.
Du coup, on a demandé à quelques personnes de nous donner leur avis. Des musiciens et gens qui travaillent dans le milieu d'un côté, et des gens "grand public" (aucun jugement de valeur, simplement des personnes qui ne sont pas forcément passionnées par la musique) de l'autre. Le résultat est assez fou.
Nous pensions savoir quels morceaux seraient choisis, nous ne pouvions nous tromper davantage. Au moment où je vous écris, nous avons eu 10 réponses "grand public", 9 ont choisi un titre qu'on a carrément hésité à mettre dans les 7... Et nous venons par contre d'avoir un retour pro qui propose la sélection à laquelle nous pensions de prime abord.
Tout ça me laisse songeur, et me fascine quelque part. Je me demande comment on écoute une chanson quand on ne fait pas attention au son son de caisse claire, à la texture des synthés, à la suite d'accord, au réglage de la compression... Je suis presque un peu envieux de cette possibilité d'envisager l'écoute d'un morceau pour ce qu'il est, un morceau de musique.
Cela me laisse aussi songeur sur la manière dont s'organise la diffusion de la musique. Avec 40 000 nouveaux titres par jours sur les plateformes, il est évidemment impossible de tout entendre, et donc certains jouent le rôle de curateurs pour le reste. Programmateurs, media, algorithmes choisissent ce qui aura une chance d'être entendu ou pas. L'histoire classique du tube radio qui passe tellement qu'il s'imprime dans le cerveau à tel point qu'on ne sait plus très bien s'il a du succès parce qu'il a été diffusé x milliers de fois ou s'il a été diffusé x milliers de fois parce qu'il est super, ce morceau. L'oeuf ou la poule, somme toute.
Bref, je ne veux surtout pas servir le couplet réchauffé du musicien frustré et maudit qui n'a pas eu la chance d'être bombardé sur NRJ. Si les meilleurs musiciens (au sens théorique, technique du terme) devaient occuper tout l'espace, nous n'écouterions probablement que des choses complètement barrées. C'est juste une reflexion qui me fascine.
Toujours est-il qu'au jour d'aujourd'hui (laissez moi rêver avec mes pléonasmes), on ne sait pas encore ce qu'on va choisir, si on doit suivre la vox populi ou l'avis des musiciens. On verra bien, ça fera un sujet pour un prochain billet....