Puzzle, par Puzzle - L'interview avec un petit "i"

Lorsqu'on a la chance d'assez intéresser les gens pour qu'ils nous posent des questions, on s'aperçoit que les mêmes interrogations reviennent souvent. "Depuis quand existez-vous ?", "Racontez-nous l'histoire du groupe", légitimes demandes d'informations, certes, mais un brin convenues.

Comme nous pensons qu'il existe en parallèle d'autres questions un peu plus impertinentes mais plus difficiles à poser, nous avons décidé de nous les poser nous-même. Et d'y répondre.




Dites voir, attendre d’avoir 40 ans pour recommencer à zéro alors que vous aviez un projet qui marchait pas mal quand vous avez arrêté, c’est pas un peu con ?

Cédric
Moins con que d’avoir attendu d’avoir 50 ans en tout cas, probablement….🙂
Non je crois que c’était le temps dont nous avions besoin pour nous installer dans nos vies pro et perso respectives, et se rendre compte qu’il nous manquait quand même toujours un truc. Le temps nécessaire pour se dire à chaque soirée ensemble “putain c’était quand même bien, faudrait refaire un truc”, et finalement se reposer cette question une dernière fois dans un contexte favorable à franchir le pas.
Et puis le temps surtout de comprendre et savoir ce qu’on voulait ou ne voulait pas faire. Le projet aurait probablement été très différent y’a 5 ans, ou dans 10 ans… Mieux ou moins bien impossible à dire, mais différent.

Thibaut
Le problème qui va se poser pour répondre, c'est que les cerveaux de Cédric et moi-même sortent probablement du même moule et que nous avons tendance à avoir les même pensées au même moment. Aussi, j'aurais eu envie de répondre exactement la même chose, ce qui serait un peu redondant, vous en conviendrez.
D'un point de vue personnel, je dirai que j'ai inconsciemment découpé ma vie en phases très claires : de 20 à 30 ans, j'ai voulu être une rock star; de 30 à 40 ans, j'ai voulu devenir adulte, fonder une famille, réfléchir à ma retraite et manger 5 fruits et légumes par jour. A l'aube d'avoir 40 ans, je me rends compte que finalement, les légumes c'est bien, mais "rock star" sonne toujours mieux. Evidemment, il faut mettre de l'eau dans son vin, donc "rock star" c'est excessif, mais je ne sais pas comment on appelle une rock star qui veut passer du temps avec ses filles et ne pas se coucher trop tard.

Olivier
Alors, moi, j'ai pas 40 ans. Loin, bien loin de là. Ce sont les deux autres seniors qui sont sur cette tranche. 
Cela n'enlève rien au fait que je sois plus vieux que ces jeunes qui font de la musique. Mais je crois que ça n'a évidemment aucune importance pour moi, étant donné que j'avais avant tout envie de contenter mes comparses et moi-même. 



Putain, c'était quand même bien...
Faudrait refaire un truc...




Dites voir, choisir de s’appeler Puzzle quand il y a déjà 358 groupes qui s’appellent Puzzle, c’est pas un peu con ?

Cédric
Est-ce que c’est pas surtout très con pour eux, de devoir changer de nom ? 🙂
Non, blague à part, c’est très compliqué de trouver un nom de groupe. Un nom qui a du sens pour nous et le projet, dont la sonorité et la graphie nous plaise, et qui ne soit pas pas déjà pris… pour cela il faudrait inventer quelque chose… Car si un mot ou une expression existant(e) ne sont pas déjà pris…. n’y-a-t-il pas une bonne raison ?

Olivier
Au moment où on l'a choisi, on n'en savait rien ! Et le fait est qu'il colle, pour de multiples raisons, avec ce qu'on vit à la fois en tant que groupe et en tant qu'individus.

Thibaut
L'ironie de cette histoire, c'est que lors d'une formation sur le monde merveilleux de la musique, la première chose que nous a dit le distributeur qu'on y a rencontré c'est "attention à votre nom, ne choisissez pas un nom déjà pris". Fail.
Mais bon, effectivement, on tenait à avoir un nom qui ait du sens pour nous et qui laisse le champ libre pour toutes sortes de jeux graphiques.




Dites voir, monter un label et investir quand même pas mal d’argent dans ce groupe avant même d’avoir fait un seul concert, c’est pas un peu con ? 

Olivier
L'argent n'est pas un problème sauf, vraisemblablement, pour mon banquier.

Cédric
Ah bah si !.... Si si…. 
Mais probablement un ordre imposé par nos situations, plus que choisi. Attendre d’avoir 40 ans pour tout recommencer à zéro : un peu con. Check.

Thibaut
Oui, c'est un peu le retour de bâton de la stratégie qu'on a choisi. Fort de notre expérience avec Norma Peals, nous avons décidé de faire les choses de manière la plus professionnelle possible, au moins pour donner le maximum de chances à ce projet. Et qui dit "donner le maximum de chances", dit "travailler avec des gens", compétents qui plus est. Ce qui a un coût.
Il faut dire aussi que l'économie de la musique aujourd'hui est conçue de telle manière qu'il est indispensable d'avoir une structure, ne serait-ce que pour demander des aides.
En outre, le seul avantage d'avoir 40 ans se trouve là : on est un peu plus armé en terme de gestion de projets, et nous avons pu mettre un peu d'argent de côté. Alors d'accord, normalement, il était destiné à payer les études des enfants, mais avec le nombre d'heures qu'elles passent devant Netflix, je ne suis pas sûr qu'elles en auront besoin.



L'argent n'est pas un problème.
Sauf, vraisemblablement, pour mon banquier.




Dites-voir, relancer un projet quand vous n’habitez pas dans la même ville et avez à peine le temps de prendre un repas assis, c’est pas un peu con ? 

Olivier
Comme quoi, on arrive toujours à faire un peu de place… Maintenant on prend nos repas en répondant à nos notifs Puzzle et en répondant au mail du boulot, le tout debout et en écoutant les derniers mix. Il n’est pas rare que chacun de nous ne comprenne plus rien à ce qu’il fait… 
Mais on ne se plaint pas, on est ravis, c’est une aubaine d’avoir la chance de pouvoir faire tout ceci (le boulot, la musique, l’humour douteux…)

Thibaut
C’est vrai qu’on aurait pu faire plus simple… Après, une des circonstances qui a largement favorisé le lancement de ce projet, c’est la relocalisation prochaine deCédric à Nancy, où est déjà Olivier. Sachant que je ne suis “qu’à” deux heures de route, ça a entrouvert la porte. En attendant, on jongle un peu, entre débrouillardise et frustrations, mais aussi en conscience de la chance qu’on a de pouvoir faire ça comme ça. Il n'y a ne serait-ce que 10 ans, ça aurait été impossible.
Après c’est comme tout, même si la valise a du mal à fermer, on trouve le moyen de caser le tee shirt qu’on a absolument envie de porter. Là c’est pareil, on cherche - et on trouve souvent - des solutions.


Dites voir, se cacher derrière une forme d’humour douteux plutôt que de parler de sujets un peu plus profonds, c’est pas un peu con ?

Cédric
Qui a de l’humour ?

Olivier
Rien n’est plus sérieux que l’humour. 

Thibaut
Voilà bien une question à la con, je ne m'étonne pas qu'on se la soit posée.
Déjà, l'humour n'empêche rien, ensuite, on est déjà pas très à l'aise avec le fait de s'adresser aux gens. Si en plus il fallait le faire sérieusement...




Dites voir, TikTok, c’est pas un peu con ?

Olivier
En toute honnêteté, je n’ai jamais mis les pieds sur cette plateforme. Je sais que Thibaut adore et passe des heures dessus mais ça c’est lui qui choisit 🤷🏻‍♂️

Thibaut
C'est pas un peu con, c'est extrêmement con. N'en parlons pas davantage, je vais faire une crise d'angoisse.

Cédric
C’est quoi TikTok ?




Dites voir, essayer de jouer de la guitare alors qu'on est claviériste et clairement pas guitariste, c'est pas un peu con ?

Cédric
Qui joue de la guitare ??
Si, ça l’est sûrement un peu. Mais je crois que le plus important c’est de bien connaître ses limites, même si elles sont très basses. Il vaut mieux essayer de bien faire sonner quelque chose de très simple, que de massacrer quelque chose de trop complexe (pour soi). Et puis ce sont de bonnes leçons régulières d’humilité… ça fait du bien de temps en temps, particulièrement dans la musique 😉

Thibaut
On a un claviériste ?



Ce sont de bonnes leçons régulières d’humilité…
ça fait du bien de temps en temps,
particulièrement dans la musique




Dites voir, avoir une belle crinière rousse et la raser complètement, c’est pas un peu con ? 

Olivier
Les ravages de la vieillesse…

Thibaut
Je ne rappelle pas avoir vue quelconque crinière rousse nulle part dans ma vie. Une somptueuse crinière blond vénitien, oui, mais rousse, jamais.




Dites voir mettre des pantalons piment et des boucles d'oreille, à 40 ans, c'est pas un peu con ?

Cédric
Ah bah si ! si ! si si si…. merci de lui faire remarquer… 🙂

Thibaut
Concernant le pantalon à piment, adressez-vous à mon épouse, c'est le sien.
Concernant les boucles d'oreilles, adressez-vous à mon épouse, ce sont les siennes.
Je ne vous rejoins pas du tout, je trouve ça super. Mais bon, je n'ai pas encore franchi le cap de me les faire percer, chaque chose en son temps. La tatouage suivra, bien sûr. On aura ainsi le kit complet de la crise de la quarantaine. La formule offensive.



Avec le retour à la musique,
on a le kit complet de la crise de la quarantaine




Dites voir écrire ce genre d’interview en pensant que c’est une bonne idée, c’est pas un peu con ?

Cédric
On s’en fout, personne ne la lira de toute manière….

Thibaut
Ah si ! Mais ça nous a fait rire, c'est déjà ça.


A deux semaines pile de présenter notre premier single...

J'avais prévu de faire un article très sérieux sur "comment vivre de son art en 2023" suite à une conversation avec un copain. L'article est écrit depuis mercredi et au moment de le relire ce matin avant de cliquer sur "Publier", le constat fut implacable: c'est chiant.

Aussi, changement de braquet. A regarder l'écran blanc de ma page de blog, je me rends compte que j'ai plutôt envie de vous partager un peu mon ressenti, à 14 jours pile de la sortie de Riviera, notre premier single.

C'est un sentiment extrêmement étrange. Malgré tout le travail fourni, je sais pertinemment que c'est un non-évènement, à part pour nous. Grosso modo, hormis nos frères et soeurs et quelques amis - qui ont de toutes façons presque tous entendu une version quasi finie du morceau - personne ne nous attend.

Ce qui est normal. Mais cette posture de dire "notre single sort" me met dans un état psychologique particulier, moi dont le cerveau plus tout jeune a associé "sortir un disque" avec ce que font des artistes reconnus.

Cela dit, nous avons beaucoup travaillé pour arriver là. Pas pour être reconnus ou gagner des droits d'auteurs, non, simplement pour être crédibles. Notre premier objectif est là. Simplement de passer de l'état de "qui sont-ils ?" à celui d'un projet à écouter. Cela passe par une foule de micro détails qui demandent beaucoup plus de travail que ce à quoi on s'attendait.

Ces dernières semaines ont été consacrées au fait de combler des manques. Nous avons Dieu merci réussi à produire une série de titres dont nous sommes extrêmement fiers. Pas pour les raisons que j'aurais imaginées au départ d'ailleurs.

A l'origine, je pensais vouloir tout maîtriser, jauger chaque choix artistique, tester mille possibilités pour chaque son. Finalement, ce qui me rend le plus heureux est au contraire de s'être entourés d'autres artistes qui ont clairement mis leurs pattes sur nos morceaux. Entre les démos et ce que Martin puis Antoine ont fait, les morceaux nous ont un peu échappé. Dans le bon sens du terme. Je continue de les écouter en étant un peu surpris et en me disant "c'est fou que ce soit nous".

Bref, je parlais donc de combler des manques. Car oui, nous sommes très fiers de nos morceaux et voulons donc leur donner la meilleure chance possible. Il nous fallait donc des photos de presse, des live sessions, un clip, une stratégie de communication etc. Tout ça demande un investissement lourd, autant en termes de temps que d'argent.

Nous sommes toujours pris par nos vies personnelles, professionnelles et une logistique infernale qui fait du temps une denrée extrêmement rare. Nous conversons par vocaux ou messages, ce qui rend plus difficile des débats nuancés, des co-constructions, des moments de pause, pourtant si nécessaires. Nous devons être efficaces, pragmatiques. C'est en écrivant ces lignes que je me rends compte qu'il aurait été impossible de le faire avec d'autres personnes, d'ailleurs, tellement se comprendre au-delà des mots est critique.

Les photos de presse ont été finalisées hier, les derniers montages d'extraits de clip pour les pubs digitales avant-hier, j'entre dans la préparation des live sessions que nous tournerons dans deux semaines. Une to-do liste administrative constellée de mots ravissants tels que "valider avec le comptable", "impôts.gouv.fr" ou "URSSAFF" m'attend. Des réels et des posts à faire pour les réseaux sociaux sont au planning et une petite cinquantaine de mails doivent être envoyés.

Alors que je commençais à me demander si je n'étais pas en train de friser un léger surmenage et à m'énerver parce que je n'arrivais pas à réfléchir en entendant le générique de Yakari, nous avons appris la semaine dernière qu'une personne avec qui nous travaillions sur le disque nous a quittés, subitement. Comme un horrible clin d'oeil pour nous rappeler la fragilité de tout ça, que ce n'est pas si important. Ce n'est qu'une histoire de chansons, après tout.

Il y a un peu plus d'un an, je me disais vouloir refaire de la musique pour que mes filles voient leur père sur scène et comprennent qui il est vraiment, pour fêter mes 40 ans sur scène. Ce dernier point est peut-être manqué, mais lorsque je soufflerai mes bougies, nous aurons fait un pas de géant sur le chemin de la crédibilité. Et c'est bien plus impressionnant que ce que j'imaginais, il y a un peu plus d'un an.

Sur le besoin d'avoir une stratégie

Instagram ne propose pas toujours que des vidéos de chiens rigolos ou de gens qui tartinent de la chantilly sur leurs pare-brises avant de conduire. Parfois, l'algorithme est plus éclairé dans ses choix. Un récent exemple est sa suggestion de vidéos de Pomplamoose, groupe américain principalement connu pour ses mash-ups (mélange de plusieurs morceaux en un seul). C'est aussi le groupe de Jack Conte, qui est le fondateur de Patreon.

En creusant un peu, je tombe sur cette vidéo de Jack Conte qui - pour vous la résumer - explique qu'il est impératif que les musiciens trouvent un moyen de se faire payer pour ce qu'ils font. S'il semble enfoncer des portes ouvertes, il est en réalité bien plus important de le rappeler qu'il n'y parait. En effet, mon métier de graphiste m'a donné à plusieurs reprise l'occasion d'entendre le discours qui veut que "comme j'ai fait de ma passion un métier, la question de l'argent est secondaire". Sous-entendu, là où il y a du plaisir, il n'y a pas besoin d'être rémunéré.

Et c'est vrai, qu'à la base, refaire de la musique nous permettait de caresser l'espoir d'une sortie de nos modèles professionnels quotidiens, du "business", et de simplement se reconnecter avec nos enfants intérieurs, loin de considérations d'audience, de besoins de fond de roulement, d'investissements, de communication etc. Et la marmotte met le petit chocolat dans le papier d'alu.

Notre passé musical nous a en effet fait vivre la musique dans des conditions plutôt avancées. Et ces conditions professionnelles étaient - surprise ! - très agréables. Jouer sur de belles scènes, équipées, travailler avec un environnement de qualité, permettant de viser un certain niveau artistique... Pour retrouver ces conditions, il faut nous inscrire dans une démarche qui soit, elle aussi, professionnelle.

Souvenir d'enregistrement du premier album de Norma Peals. On était jeune et insouciant, à cette époque...

Le contexte n'est pas vraiment favorable. Tout le secteur a officiellement une étiquette de "non essentiel" depuis la-crise-dont-il-ne-faut-plus-prononcer-le-nom, la concurrence est démentielle (il fallait déjà 16.858.080 d'années à un auditeur en 2018 pour écouter tout le catalogue de Spotify), les conditions d'attribution des aides à la production se durcissent, des intelligences artificielles écrivent des morceaux à la demande, bref, un moment idéal pour se dire "Tiens, si on lançait un projet musical ?".

Cependant, n'importe quelle entrepreneuse ou entrepreneur vous dira la même chose: entreprendre, c'est difficile. Le mot est lâché: un projet musical (qui se veut un tantinet ambitieux) est une entreprise. Qui implique énormément d'autres activités que "simplement" écrire de la musique. Comme le rappelait Cédric lors de la formation "Artiste entrepreneur", un projet musical qui fonctionne, c'est 25% la musique, 25% l'image, 50% la promo.

Nous voilà donc en train de réfléchir à des stratégies de développement avant même d'avoir fini les titres de notre premier album. Album qui était à la base un EP, mais qui est devenu un album pour faciliter le travail des attachés de presse et affirmer la crédibilité du projet auprès de différents organismes. Pour avoir aussi plus de matière pour "occuper le terrain".

Est-ce qu'on fait des powerpoint ? Absolument.

Nous allons aussi investir dans du marketing digital. Avec différentes stratégies: faire connaître notre musique en espérant qu'elle plaise et que cela fasse grossir notre communauté, pour ensuite développer le streaming de nos titres, pour intéresser des playlists, puis des pros. Enfin, c'est une idée. Il n'y a aucune garantie, aucun chemin tout tracé. Le hasard a aussi sa carte à jouer.

Finalement, nous voulions nous éloigner de nos métiers quotidiens où nous réfléchissons déjà en terme de "stratégie commerciale" mais finalement, notre projet est un produit, sous un certain aspect. Une attachée de presse avec qui je discutais l'année dernière (et qui compte des artistes de renommée internationale dans son catalogue) me disait précisément: "ça va te choquer, mais ton projet je le regarde comme un produit. Je réfléchis à votre public cible, à la concurrence sur ce créneau, à comment vous différencier... Si j'ai du mal à trouver un positionnement clair et des leviers de communication clairs, je ne prends pas le projet...". Elle aurait parlé d'un gâteau à mettre en rayon de grande surface, les mots eurent été identiques.

Alors oui, ça déprime un peu. Voire même beaucoup. Mais les options suite à ce constat sont assez peu nombreuses. Une partie des règles sont là. Libre à nous de les suivre, d'essayer de les contourner, de les ignorer complètement. Mais a priori, il est toujours utile de les connaître.

Comment on fabrique un morceau, au fait ?

Disclaimer: évidemment, le titre est extrêmement trompeur. Il devrait être "Comment nous fabriquons un morceau". Mais là encore, ce ne serait pas forcément très juste puisque tous les morceaux ne sont pas fabriqués de la même manière. Pourquoi l'écrire alors ? Juste pour vous montrer les grandes étapes (démo - réalisation - mix - mastering) qui elles sont une constante dans notre processus. En tout cas pour ces premiers enregistrements.




Au commencement il n'y a pas le verbe, mais le MacBook

Etape 1: la démo

La première étape concerne généralement un de nous trois. La légende urbaine est vraie: on peut aujourd'hui composer un morceau entier avec un ordinateur (même pas hors de prix). Programmer les batteries, simuler des sons de cuivres, de guitares... Dans notre cas, nous avons en home studio de quoi enregistrer nos instruments (guitares, claviers, voix) et simuler ceux qui nous manquent.

Pour illustrer le processus, je vais prendre l'exemple de notre premier single, à savoir Riviera. L'idée de Riviera vient de moi, (Thibaut, ndlr), c'est plus facile pour en parler. Voici un morceau du morceau, à savoir la première version que j'ai envoyée aux deux autres pour leur proposer l'idée.


On constate déjà qu'on n'avait pas encore décidé de chanter en français et que l'arrangement est quasiment inexistant. L'idée est de présenter un couple "harmonie / mélodie" et éventuellement une ambiance.

C'est donc cette version très brute que j'envoie à Olivier pour qu'il y ajoute sa patte de bassiste. Cédric récupère les pistes, trouve d'autres sons de claviers, des mélodies, le tout dans la direction d'un morceau "balnéaire".

17 versions plus tard, voilà le résultat de la démo "finale", prête (selon nous) à être retravaillée.




Etape 2: la réalisation artistique

A ce moment-là, on a une grande partie des ingrédients - en tout cas les principaux. Les mélodies, l'harmonie, la structure, l'idée générale de l'arrangement (quel instrument joue quoi, les deuxième voix etc). Sauf qu'à ce moment-là aussi, on a entendu le morceau 267 fois, dans 25 versions différentes (#nojoke). Nous avons donc perdu toute objectivité, toute fraîcheur quand à la transformation de la démo à la version finale.

C'est là que le réalisateur artistique ("producer" aux US, alors qu'un "producteur" en France serait plutôt la personne morale ou physique qui paye les frais de production, mais je m'égare) intervient. Nous avons de notre côté la chance de travailler avec Martin Murer, un mec qu'on connait de l'époque de Norma Peals.

Au moment où nous cherchons quelqu'un pour nous aider, on découvre qu'il est devenu producteur et qu'il vient de travailler avec quelques jolis noms, mais plutôt rap et hip hop. Cet aspect nous intéresse, on se dit que cela va pouvoir enrichir notre musique, lui apporter d'autres influences. Bref, on le contacte, on lui fait écouter les démos, il est ok. Joie.

Le travail principal de Martin va consister (pour ce titre) à reprendre un peu la structure et alléger l'arrangement. Enlever des instruments, retravailler les sons pour leur donner de la profondeur. Et surtout, il va apporter une cohérence au morceau, un liant entre les différentes partie.

Ce qui est fou lorsque l'on écoute le morceau (nous, Puzzle) c'est qu'on retrouve tout ce qu'on lui a envoyé. Pourtant tout a changé.




On est sur autre chose que le MacBook

Etape 3: le mix

On récupère donc les pistes de Martin et je refais les voix. C'est toujours plus facile de faire d'enregistrer les voix définitives sur la version de Martin, qui a fini d'asseoir la bonne ambiance, la bonne structure... Bref, on se retrouve donc avec toutes nos pistes. Direction le mix.

Normalement, le mix consiste à récupérer les pistes du réalisateur et de les mélanger ("mix") ensemble. C'est simple dit comme ça, un peu moins dans la réalité. Il va s'agir de tailler les sons, de leur donner une place dans l'espace sonore afin qu'ils apportent ce qu'on veut qu'ils apportent.

Dans notre cas, on travaille avec Antoine, des studios Motorbass. Antoine ne se contente pas de mixer mais ajoute aussi sa patte de producteur, propose des idées de sons, de textures etc. Du coup, ça ajoute encore du caractère à l'histoire.




Difficile de faire le tour du Globe

Etape 4: le mastering

Last but not least, le mastering. C'est le procédé qui va permettre à ce que les titres sonnent de manière équivalente sur n'importe quel système audio. Que vous écoutiez le morceau en voiture, sur votre chaîne hifi ou vos AirPods, les niveaux des différents instruments devraient être équilibrés.

Le mastering va aussi retravailler l'espace stéréo, la dynamique etc. Clairement un travail de pro. Nous avons - encore une fois - de la chance, c'est Alexis et Lorenzo de Globe Audio Mastering à Bordeaux qui s'occupent de nous...



Si vous êtes arrivés à ce moment là du billet, je vous invite à réécouter le tout premier extrait, celui de la démo. Le chemin parcouru est - je crois - assez notable. Et encore, je vous passe les innombrables discussions et débat sur les notes, les pêches de batterie, les paroles... Je trouve fascinant de voir comment cette matière sonore peut évoluer. Les possibilités sont infinies et souvent le plus dur, c'est de s'arrêter.

Apprendre à chanter ou suivre une thérapie

Je ne suis pas un chanteur. Enfin pas comme celles et ceux à qui on demandait tout petits de chanter quelque chose au dessert, ou dont on dit qu'ils ont "une voix". J'ai toujours trouvé ça un peu stupide comme expression, d'ailleurs, puisque finalement à partir du moment où on parle, on a une voix. Mais c'est probablement de la jalousie.

Ma carrière de chanteur a commencé avec Norma Peals. Mais plutôt par défaut que par choix. Vince aurait tout aussi bien pu être le chanteur du groupe, mais comme il était bien meilleur guitariste que moi, il a pris la guitare lead, j'ai récupéré le chant. Très vite, le constat fut implacable: il fallait que je prenne des cours de chant.

J'ai alors eu la chance de rencontrer Lussi, que vous connaissez si vous étiez fan de métal pendant les années 2000 puisqu'elle était la chanteuse du groupe MyPollux ou si vous suiviez la Nouvelle Star en 2010. J'ai découvert que le chant était un instrument, avec des techniques à maitriser et tutti quanti. Mais je dois bien avouer qu'à l'époque, j'étais surtout intéressé par la façon de mettre du eyeliner et le dosage du gin tonic plutôt que par l'idée de travailler vraiment cet instrument.

Dix ans plus tard, avec ce nouveau projet qu'est Puzzle, les choses sont bien différentes. Au moment où nous nous sommes dit que nous voulions faire quelque chose de plutôt sérieux, recontacter Lussi a été une évidence. Et à bientôt 40 ans, je constate que ces cours de chant ressemblent bien plus à mes séances chez la psy qu'à des leçons de solfège. Et c'est cool. Hyper cool.

Pour enfoncer une porte ouverte, rappelons qu'a priori on chante en public pour provoquer une émotion chez son auditrice ou son auditeur (ou son chat). Sinon, autant chanter sous la douche et s'épargner des sueurs froides. Regardez les pauvres diables et diablesses tenter de retourner des fauteuils dans The Voice. De susciter une émotion assez forte qui fera enfoncer un bumper rouge. Paradoxalement, je constate d'ailleurs que ce sont les candidats qui ont le plus de fragilités qui me touchent le plus. Les voix fluettes perdues entre 2 sosies de Cristina Aguilera et 3 de Céline Dion.

Pourtant, en permanence, j'essaie de chanter fort, de faire des trucs impressionnants. J'aimerais bien être un monstre de technique. Qu'on dise "Ah ouais, ça chante grave". Parce qu'une partie de moi pense toujours que c'est en en faisant des caisses qu'on fait dire ça. Lussi me dit souvent que c'est pourtant la fragilité qui fait la beauté de la chose. Et j'en suis convaincu aussi. Mais voilà le paradoxe, il n'est pas évident du tout de ne pas essayer de cacher ses failles.

Parce que oui, chanter, c'est se mettre à poil. Le corps se met en action mais la tête aussi. La tête, surtout. Beaucoup de choses se jouent au moment d'ouvrir la bouche, du conscient, de l'inconscient, ces vibrations en apparence anodines catalysent en réalité nombre de questions, de postures, d'idées préconçues, de peurs etc.

Alors il faut faire preuve d'humilité. Accepter ce qui sort. Accepter ce qui est. Sans se gargariser les jours où ça sort bien, ni se flageller ceux où ça ne marche pas. Essayer de comprendre ce qui s'est joué. Au fond. Et oser recommencer.

Chercher à plaire ou ne pas chercher à plaire, telle est la question.

Profitant d'un dimanche à peu près calme, j'ai passé un moment avec ma fille ainée, qui me tannait depuis des lustres enregistrer un morceau. Au programme, une chanson très confidentielle d'une artiste qui l'est encore plus: "Bruxelles Je t'aime" d'Angèle. M'apercevant rapidement que la tonalité de base allait être trop grave pour la voix de ma fille, je décide de faire une version piano, pour laquelle je cherche donc les accords. Stupeur (et tremblements): le morceau tourne sur 4 accords, en boucle. Dm / G / C / F (ré mineur, sol majeur, do majeur, fa majeur) pendant 3'30.

Comme à chaque fois que je tombe sur des tubes radio avec ce genre de suite d'accords (les accords magiques qu'on nous ressort à toutes les sauces, comme dirait l'autre), une phase de questionnement s'enclenche quasi-immédiatement: faudrait-il simplifier nos morceaux ?

Quand je compose une chanson - quel que soit le point de départ, je finis irrémédiablement par chercher à amener une certaine complexité harmonique. Que ce soit avec des accords enrichis ou empruntés à d'autres gammes, avec des structures pas forcément classiques, je suis toujours un peu gêné quand la chanson se résume à 3 accords tout simples. La magie (pour moi) c'est de parvenir à créer des chansons populaires, dans lesquelles on entre facilement, mais qui ont aussi un intérêt théorique, musical.

Les Beatles en sont un excellent exemple. Réussir ce tour de force d'être un boys band repris par Brad Meldhau, c'est quelque chose. Pas plus tard qu'hier, je tombe sur l'excellent Rick Beato, un stakhanoviste de la théorie, citant "A Day in a Life" dans une vidéo pour montrer comment la théorie avancée peut servir la musicalité.

Aussi, quand je tombe sur Angèle, je me dis "pourquoi s'embêter ?" (poliment). D'ailleurs, avec Puzzle, un de nos objectifs est de se faire plaisir avant tout. J'ai payé assez de psy pour savoir qu'on ne plaira pas à tout le monde.

En outre, si les seuls musiciens reconnus devaient être ceux qui proposent des choses "techniques" ou qui en repoussent les limites comme un scientifique étend le champ de connaissance de son domaine, nous n'avons aucune chance. Entre les jazzmen, les musiciens classiques ou contemporains, nous n'avons en comparaison rien à apporter d'enrichissant à la musique en tant que champ de recherche.

Ce n'est d'ailleurs pas notre but. Nous avons pris le parti d'essayer de faire des chansons populaires, qui touchent des gens. Bêtement.

Seulement voilà, dans ce processus de développement de ce groupe, nous avons évidemment envoyé notre candidature à certains dispositifs d'accompagnement. La réponse qui revient le plus est - je résume - "c'est bien fait, c'est bien produit, ça fonctionne, mais c'est déjà un peu entendu".

Alors du coup ? On fait quoi ?

Est-ce qu'on veut "percer" ou simplement "se faire plaisir" ? Est-ce qu'on décide de ne tenir compte d'aucun avis en faisant ce qu'on a envie de faire ou on essaye quand même de respecter certaines règles quite à négocier un peu avec nos ambitions artistiques ? En parallèle de ces questions philosophiques se posent des contraintes très concrètes: on parle par exemple d'investir pour le premier disque quasiment 20 000€. Une belle somme pour simplement "se faire plaisir".

Je n'ai pas de réponse à cette question. J'écris ici un peu comme je réfléchirais à haute voix (ce qui est un peu le but de ce journal). Evidemment, si la réponse existe, j'imagine qu'elle doit être quelque part entre les deux.

Il y a d'ailleurs des morceaux voire des projets entiers, très commerciaux que je trouve absolument supers, et des choses très barrées - pourtant musicalement extrêmement intéressantes - que je trouve inécoutables. Impossible de ne pas mettre de subjectif là-dedans.

Je crois que nous allons simplement continuer à faire ce qui nous plait tout en étant prêt à faire les choses d'une manière qui favorisera le plus possible l'émergence du projet. L'essentiel étant probablement de rester fiers de ce qu'on produit. Capable d'écouter nos morceaux en se regardant dans la glace, en somme.

Et puis de toute façon, si ça ne marche pas, j'accompagnerai ma fille en tournée. Et comme vous demandez un extrait de ce qu'on a enregistré (si, si, je vous entends), en voilà un petit bout. Là, pas de doute, ni de subjectif, c'est super. Evidemment, c'est ma fille.

Reprise de "Bruxelles je t'aime" d'Angèle

Faire marcher une relation à distance

Lorsque que nous avons décidé d'essayer de remonter un projet tous les 3, "pour voir", nous n'avons pas pris en compte un élément pourtant essentiel: Olivier vit à Nancy, Cédric à Lyon et moi dans le fin fond de l'Alsace du sud (ce qui ne veut pas dire "Alsace version Miami"). Maintenant que ce projet prend une allure un peu plus sérieuse, la géographie s'avère un léger problème dans bien des situations.

Le premier souci auquel on pense immédiatement est le fait de répéter. Quand on veut faire de la musique, le but premier reste a priori quand même de jouer de la musique. Dieu merci, Cédric se rend très régulièrement pour des raisons personnelles à Nancy. Moi-même n'étant qu'à 2 heures de route, Nancy est devenu notre camp de base. Plutôt que de répéter tous les 3 jours pendant deux heures, nous nous voyons moins souvent mais répétons pendant 2 jours.

Quand on s'installe, on s'installe...

A bien y réfléchir, ce point précis aurait été complètement bloquant. Sans cette possibilité de se voir régulièrement, il aurait été impossible de lancer ce projet. Le confinement étant passé par là, des solutions existent pour jouer à distance, chacun devant sa webcam. Nous avons essayé, nous avons eu des problèmes (enfin, c'est vous qui voyez, ndlr). Question de réseau, question de réglage, aucune idée mais en tout cas impossible d'avoir le son en même temps. Gênant quand on doit jouer ensemble.

Image de trois musiciens en train de répéter par visioconférence.
Image d'archive de la première "répétition" par visio. Pas vraiment un succès.
Pas Uncle Ben's, donc.

Mais se voir régulièrement ne règle pas tout. Ne serait-ce que pour composer: se voir simplifierait les choses. Pour celles et ceux qui ont vu le documentaire sur Orelsan, on voit qu'ils partent tous les trois, ensemble, dans une maison en Bretagne pour écrire. Pour se mettre dans une ambiance, dans un mindset comme on dirait sur LinkedIn. Jouer, construire sur les propositions des autres, pouvoir rebondir sur des improvisations.

Etant séparés les uns des autres, nous nous envoyons des morceaux, des bouts d'enregistrements, commentons ce qui est envoyé. Cela pose deux soucis.

Le premier, c'est que nous censurons individuellement ce que nous envoyons aux deux autres. Sans laisser les cerveaux des deux autres rebondir sur l'ensemble de la recherche.
La seconde, c'est une latence évidente. Plus qu'une histoire d'inspiration qui vient, il faut un certain temps pour se mettre dans de bonnes dispositions. Pour être dans son costume de musicien. Et c'est très (très) rare d'être synchros.

Vidéo reçue alors que je rentrais d'une réunion du périscolaire et d'une conversation musclée avec la mairie concernant des subventions, un état idéal pour juger d'une ligne de basse

Outre l'aspect composition, ce problème de "brainstorm" (c'est décidé, j'arrête LinkedIn) se pose pour les visuels, les paroles et l'ensemble des problématiques artistiques. Nous fonctionnons en action/réaction plutôt qu'en osmose. Du côté positif, cela nous permet d'avoir énormément de recul et de pouvoir prendre le temps d'analyser ce qu'on reçoit sans être grisé par l'ambiance. Comme pour tout, la médaille a deux faces.

Je vous passe pour terminer cette complainte l'aspect gestion de projet (car pour rappel, un projet musical qui fonctionne, c'est 25% la musique, 25% l'image, 50% la promo) mais nous avons aussi une asso à gérer, des échanges innombrables avec des interlocuteurs tout aussi innombrables, des budgets à monter, BREF. On ne s'ennuie pas, chacun dans notre coin.

Pile poil le weekend de la résidence. Parfait.

La bonne nouvelle, c'est que deux d'entre nous serons bientôt de manière permanente à Nancy, ce qui va solutionner 1/3 du problème. J'ai hâte de voir si nous pourrons nous voir un peu plus souvent mais moins longtemps et ce que cela changera. La distance n'empêchera pas qu'il faudra alors synchroniser des plannings familiaux tout aussi chargés et disparates mais ce sera pour un autre billet...

Peut-on faire de la musique pour faire de la musique ?

Je viens de finir de tourner une vidéo pour expliquer un peu ce qu'on est en train de faire (ok, une version vidéo de ce blog, je vous l'accorde). Et j'ai conclu cette vidéo an disant "bon, il faudrait aussi que je fasse un peu de musique parce qu'à la base, c'est ce que je voulais faire: de la musique". Le constat est effectivement sans appel: la chose que je fais le moins en essayant de développer ce groupe, c'est de la musique.

J'écris donc cet article alors que je viens tout juste de créer un magnifique tableau Google Sheet intitulé "Calendrier éditorial". J'ai essayé d'y répertorier un peu tous les contenus qu'on aimerait poster ici et là. Enfin pas tous les contenus, mais plutôt les moments où il faudrait qu'on poste pour créer un peu d'activité, générer un peu d'attention. Car oui, je sais bien, on pourrait faire les choses à notre manière, "disrupter le développement de projets musicaux", mais je n'ai pas encore trouvé comment. Donc pour le moment j'essaie la méthode classique.

Je vais donc essayer la stratégie suivante: un post et un réel par semaine sur Instagram, un post par semaine ici et une newsletter mensuelle à nos 27 abonnés. Ca ne semble pas dithyrambique en terme de volume a priori. Est-ce que "dithyrambique" est employé ici à bon escient ? Pas sûr non plus.

Le calendrier éditorial pour février. Ca reste vague niveau idées...

Oui mais voilà: chaque contenu, c'est une idée à trouver, un visuel à créer ou une vidéo à tourner, un montage à faire, un texte à rédiger etc. Sachant qu'en parallèle, il y a des dossiers de subventions à peaufiner, des emails à envoyer pour trouver des dates, des WhatsApp à lancer pour valider une prise de voix (et finalement des prises de voix à refaire), des pochettes à finaliser...

Le but de tout ça est évidemment de faire assez avancer le projet pour que des gens se joignent à l'aventure. Qu'ils aient l'impression que le train est en marche et qu'il serait malin de ne pas le louper. Donc on fait les choses bien, ou du moins on essaie.

Je me demande aussi si en passant aussi peu de temps à faire de la musique, l'entourage sus-nommé aura envie de monter dans le train en question. Le mythe de l'artiste qui attend l'inspiration en fumant de l'opium serait-il caduque ? A-t-il d'ailleurs déjà vraiment existé ? Ca ferait un peu beaucoup de questions pour une activité qui était sensée être sympa à la base ?

Ce n'est pas un sprint, c'est un marathon - Episode #1

La période est très étrange. A 3 mois et demie de la publication officielle du premier single, c'est un tourbillon d'idées et d'émotions contradictoires qui me saisissent. Les choses avancent, les deadlines se précisent, on commencent à être dans une gentille urgence sur certains sujets. Et en même temps, 3 mois et demie, c'est long.

Un récapitulatif des éléments en cours s'impose pour l'expliquer:

Sujet prioritaire: le CD 2 titres, nous avons reçu les pochettes mais attendons les versions finales des mixs pour partir au mastering la semaine du 6 février. Une fois les master reçu, les disques pourront partir au pressage pour réception fin février et envoi aux attachés de presse dans la foulée.

Nous avons fiscalisé l'association qui produit le disque (c'est à dire qui va engager les dépenses liées au disque). Du coup, il va falloir trouver un comptable pour gérer les documents comptables de l'association. Pourquoi avoir fait ça me direz-vous ? Deux choses: récupérer la TVA et avoir accès au CIPP, crédit d'impôt sur la production phonographique. On en parlera plus tard.

Nous avons (la chance d'avoir) trouvé des partenaires qui sont d'accord pour s'occuper du clip de Riviera. RDV à Lyon le 3/03 pour le tournage.

Côté organismes, le dossier de demande d'aide à la production phonographique SPPF (dépôt au plus tard le 23/02 pour la commission de mars) est quasiment prêt, il ne reste que quelques éléments à finaliser.

Choix des titres pour l'EP: nous avons (eu la chance d'avoir) reçu une quarantaine d'avis pour nous aider à choisir les 4 titres restants. Deux titres font l'unanimité, un titre dans le mauvais sens, le choix s'annonce finalement assez simple. Enfin s'annonçait puisque Yann (attaché de presse radio) nous a justement fait remarquer qu'on s'apprête un 6 titres, un EP, et qu'à deux titres prêts, ça devient un album, plus facile à vendre aux média.

Du coup, retour à la case budget puisque la question "combien ça coûterait de rajouter 2 titres ?" se pose. On parle de frais d'arrangements, de mix, de cachets...

En parallèle, je m'attaque aux réseaux sociaux, aux premiers envois à des pros pour avoir des retours. Ces retours sont plutôt positifs (c'est bien produit etc) mais je commence à entendre un truc du genre "c'est un peu trop mainstream". Intéressant de voir un peu dans quelle case on va probablement être rangés.

Première vidéo teaser de Riviera postée sur Insta hier, histoire de voir...

Je dis intéressant mais en réalité je suis un peu circonspect. Et un peu triste aussi. Je pensais qu'en recommençant un projet à quasi 40 ans, je serais armé contre les critiques extérieures. Je connais les règles, je sais que tout cela est subjectif et qu'il n'y a pas de vérité. Pourtant, rien à faire, les critiques me touchent.

A l'heure où les réseaux foisonnent d'experts auto-proclamés, quelque chose me dit que je n'ai pas fini de venir ici me plaindre que les gens sont vraiment méchants et que tout ça est vraiment trop injuste. Je m'auto-agace déjà.

"Encore un groupe de losers qui essaye de percer"

Je travaille le chant avec une coach extrêmement douée, qui en plus possède une riche expérience dans le milieu. Sans rentrer dans les détails, elle a vogué dans différents styles, passant de la scène du Zénith de Paris avec un groupe de métal à ceux des plateaux d'une fameuse émission d'M6 sans problème. Aujourd'hui entrepreneuse dans un domaine qui n'a rien à voir avec la musique, c'est ainsi qu'elle a qualifié notre flux Instagram il y a quelques jours: "on dirait le profil d'un énième groupe de losers qui essaye de percer".

Entendons-nous bien, cela partait d'une bonne intention et a été pris comme tel. J'y ai d'ailleurs répondu avec un grand éclat de rires. D'abord parce que j'étais heureux de voir que je pouvais compter sur son avis franc et direct, ensuite parce que je voyais exactement ce qu'elle voulait dire et que c'était, de fait, drôle.

Comme je l'ai dit lors du premier post de ce journal, je déteste les réseaux sociaux. Je n'aime pas l'addiction qu'ils provoquent, le monde qu'ils inventent ni les règles qu'ils imposent. Sauf qu'ils sont indispensables. Je n'ai en tout cas pas encore trouvé la bonne manière d'y échapper. Quoi qu'on en disent, ils offrent un moyen ultra rapide pour se créer une communauté.

Une fois la décision prise d'utiliser Instagram, j'ai donc voulu me renseigner sur les bonnes pratiques, les bonnes méthodes. Poster régulièrement, être sincère et partager un peu d'intimité (en tout cas ne pas se contenter de donner des infos factuelles), sont les 3 conseils qui semblaient revenir le plus souvent.

J'ai donc foncé sur Notion et commencé une liste de sujets sur lesquels je pouvais posté. Mon objectif avoué: pouvoir programmer un, deux, trois (soyons fou) mois de contenu en avance et oublier Instagram.

Liste de posts Instagram sur Notion
Je pensais être tranquille pendant un bon semestre... Sauf que ça fait du contenu que j'ai pas envie de partager et que de toute façon personne n'a vraiment envie de lire...

Résultat des courses: des posts à la qualité plutôt aléatoire, où j'ai fini par simplement partager des photos bateaux, ce que j'avais sous la main, simplement "pour poster" plutôt qu'avec un but éditorial précis, si je puis dire.

Je réalise bien qu'il va falloir finalement y accorder un peu (beaucoup) plus de temps et me creuser un peu la tête. M'ouvrir. Je parle à la première personne, mais les deux autres zigotos vont s'y mettre aussi.

Un long billet pour ne pas dire grand chose, j'en ai bien conscience, simplement parce que dans la pile de tâches qui m'attend, je n'avais pas réservé de temps à la création de réels. On en apprend tous les jours.

Bon depuis, j'essaye de faire les choses bien mais je vous laisse juger le feed directement. Et si vous voulez nous donner des idées sur ce que vous aimeriez voir (parce qu'en réalité, on en a aucune), n'hésitez pas à commenter ou à nous contacter par mail. On sera RA-VIS. D'avance merci...