Comment on fabrique un morceau, au fait ?
Disclaimer: évidemment, le titre est extrêmement trompeur. Il devrait être "Comment nous fabriquons un morceau". Mais là encore, ce ne serait pas forcément très juste puisque tous les morceaux ne sont pas fabriqués de la même manière. Pourquoi l'écrire alors ? Juste pour vous montrer les grandes étapes (démo - réalisation - mix - mastering) qui elles sont une constante dans notre processus. En tout cas pour ces premiers enregistrements.
Etape 1: la démo
La première étape concerne généralement un de nous trois. La légende urbaine est vraie: on peut aujourd'hui composer un morceau entier avec un ordinateur (même pas hors de prix). Programmer les batteries, simuler des sons de cuivres, de guitares... Dans notre cas, nous avons en home studio de quoi enregistrer nos instruments (guitares, claviers, voix) et simuler ceux qui nous manquent.
Pour illustrer le processus, je vais prendre l'exemple de notre premier single, à savoir Riviera. L'idée de Riviera vient de moi, (Thibaut, ndlr), c'est plus facile pour en parler. Voici un morceau du morceau, à savoir la première version que j'ai envoyée aux deux autres pour leur proposer l'idée.
On constate déjà qu'on n'avait pas encore décidé de chanter en français et que l'arrangement est quasiment inexistant. L'idée est de présenter un couple "harmonie / mélodie" et éventuellement une ambiance.
C'est donc cette version très brute que j'envoie à Olivier pour qu'il y ajoute sa patte de bassiste. Cédric récupère les pistes, trouve d'autres sons de claviers, des mélodies, le tout dans la direction d'un morceau "balnéaire".
17 versions plus tard, voilà le résultat de la démo "finale", prête (selon nous) à être retravaillée.
Etape 2: la réalisation artistique
A ce moment-là, on a une grande partie des ingrédients - en tout cas les principaux. Les mélodies, l'harmonie, la structure, l'idée générale de l'arrangement (quel instrument joue quoi, les deuxième voix etc). Sauf qu'à ce moment-là aussi, on a entendu le morceau 267 fois, dans 25 versions différentes (#nojoke). Nous avons donc perdu toute objectivité, toute fraîcheur quand à la transformation de la démo à la version finale.
C'est là que le réalisateur artistique ("producer" aux US, alors qu'un "producteur" en France serait plutôt la personne morale ou physique qui paye les frais de production, mais je m'égare) intervient. Nous avons de notre côté la chance de travailler avec Martin Murer, un mec qu'on connait de l'époque de Norma Peals.
Au moment où nous cherchons quelqu'un pour nous aider, on découvre qu'il est devenu producteur et qu'il vient de travailler avec quelques jolis noms, mais plutôt rap et hip hop. Cet aspect nous intéresse, on se dit que cela va pouvoir enrichir notre musique, lui apporter d'autres influences. Bref, on le contacte, on lui fait écouter les démos, il est ok. Joie.
Le travail principal de Martin va consister (pour ce titre) à reprendre un peu la structure et alléger l'arrangement. Enlever des instruments, retravailler les sons pour leur donner de la profondeur. Et surtout, il va apporter une cohérence au morceau, un liant entre les différentes partie.
Ce qui est fou lorsque l'on écoute le morceau (nous, Puzzle) c'est qu'on retrouve tout ce qu'on lui a envoyé. Pourtant tout a changé.
Etape 3: le mix
On récupère donc les pistes de Martin et je refais les voix. C'est toujours plus facile de faire d'enregistrer les voix définitives sur la version de Martin, qui a fini d'asseoir la bonne ambiance, la bonne structure... Bref, on se retrouve donc avec toutes nos pistes. Direction le mix.
Normalement, le mix consiste à récupérer les pistes du réalisateur et de les mélanger ("mix") ensemble. C'est simple dit comme ça, un peu moins dans la réalité. Il va s'agir de tailler les sons, de leur donner une place dans l'espace sonore afin qu'ils apportent ce qu'on veut qu'ils apportent.
Dans notre cas, on travaille avec Antoine, des studios Motorbass. Antoine ne se contente pas de mixer mais ajoute aussi sa patte de producteur, propose des idées de sons, de textures etc. Du coup, ça ajoute encore du caractère à l'histoire.
Etape 4: le mastering
Last but not least, le mastering. C'est le procédé qui va permettre à ce que les titres sonnent de manière équivalente sur n'importe quel système audio. Que vous écoutiez le morceau en voiture, sur votre chaîne hifi ou vos AirPods, les niveaux des différents instruments devraient être équilibrés.
Le mastering va aussi retravailler l'espace stéréo, la dynamique etc. Clairement un travail de pro. Nous avons - encore une fois - de la chance, c'est Alexis et Lorenzo de Globe Audio Mastering à Bordeaux qui s'occupent de nous...
Si vous êtes arrivés à ce moment là du billet, je vous invite à réécouter le tout premier extrait, celui de la démo. Le chemin parcouru est - je crois - assez notable. Et encore, je vous passe les innombrables discussions et débat sur les notes, les pêches de batterie, les paroles... Je trouve fascinant de voir comment cette matière sonore peut évoluer. Les possibilités sont infinies et souvent le plus dur, c'est de s'arrêter.